Qu’est ce que la musique de chambre ?
Le festival Entre Vents et Marais se caractérise par la programmation de concerts de musique de chambre dans le marais de Brouage. Bien qu’on visualise très bien un orchestre d’une centaine de musiciens lors d’un concert symphonique ou philharmonique… Il est souvent plus difficile de définir ce qu’est la musique de chambre et par qui elle jouée. Elle, qui aurait une approche plus intime… Où est-elle née, que représente-elle et comment pratique-t-on la musique de chambre ?
La musique de chambre : une formation instrumentale
De nos jours, la musique de chambre est une appellation qui s’applique à une composition musicale destinée à un petit ensemble d’instruments solistes. Celui-ci pouvant varier du duo (2 instrumentistes) au dixtuor (10 instrumentistes). Il n’y a pas vraiment de restriction sur le nombre de musiciens, si ce n’est qu’au-delà de dix instrumentistes, on parle d’orchestre de chambre.
Dans ces ensembles de quelques solistes il n’y a pas de chef(fe) d’orchestre. En effet, chaque partie est écrite pour un seul instrument, c’est à dire que chaque musicien joue une partie autonome.
Si l ‘on prend l ‘exemple du festival Entre Vents et Marais, ça donne quoi ?
Le festival Entre Vents et Marais programme divers types de formations de musique de chambre. Allant du duo à l’orchestre de chambre. Ces ensembles sont issus des différents types de familles d’instruments : les cordes, les vents, les cuivres et percussions.
Retrouvez les ensembles phares invités au festival :
-L’Ensemble Osmose créé en 2012. Cette formation évolue selon le répertoire, du trio à l’octuor à cordes.
-Le Quintette de Cuivres (Brouage Brass) créé en 2019 spécialement pour Entre Vents et Marais. Celui-ci s’associe à d’autres instrumentistes (notamment des percussions) pour faire évoluer la formation selon les éditions.
+Deux Quintettes à Vent : Le Concert Impromptu en 2019 et l’Ensemble Évasio en 2022.
Le bonus : afin d’arpenter tout le répertoire de la musique de chambre, des pièces mixant les familles d’instruments sont programmées. C’est l’occasion pour les ensembles invités de se mélanger les uns aux autres.
UN RÉPERTOIRE MUSICAL PLUS QU’UNE HISTOIRE
Historiquement, la musique de chambre est apparue au XVIème siècle sous le règne de François Ier. Celui-ci aimait se divertir en écoutant de la musique à la cour. Les musiciens au service du roi étaient répartis en trois groupes : ceux de la Chambre, de la Chapelle et de l’Écurie
Durant la période baroque et jusqu’à la fin du XVIIème siècle, le terme « musique de chambre » est défini comme une musique jouée chez un particulier et plus fréquemment chez un noble. Les compositions de chambre (da camera) s’opposent alors aux œuvres d’église et de la chapelle (da la chiesa). C’est ainsi que la musique de chambre apparaît comme l’expression d’une musique profane.
Au milieu du XVIIIème siècle, la distinction entre musique de chambre et musique d’orchestre n’est plus certaine. Les quatuors pour orchestre de Johann Stamitz peuvent par exemple être joués par un seul instrument ou par plusieurs instruments par partie. Le choix reste encore ouvert aussi pour certains divertimentos de Wolfgang Amadeus Mozart. C’est aux alentours de 1760 que Joseph Haydn et Luigi Boccherini écrivent les premières pièces du genre : le quatuor à cordes, avec quatre instruments solistes et l’absence de basse continue.
De ce fait, la distinction devient nette à la période classique, lorsque Joseph Haydn et Wolfgang Amadeus Mozart dans les années 1770 écrivent pour la première fois et consciemment des symphonies pour orchestre. Celles-ci étant destinées à être jouées devant un large public par des professionnels. En musique classique, la composition de quatuors à cordes est souvent considérée comme le summum de l’art de l’écriture musicale.
LA MUSIQUE DE CHAMBRE : DU XIXème SIÈCLE À AUJOURD’HUI
Le XIXème siècle est marqué par une production massive de musique de chambre. Cette masse se retrouve chez : Beethoven, Schubert, Spohr, Weber, Mendelssohn, Schumann, Brahms, Smetana, Dvořák, Tchaïkovski, Saint-Saëns, César Franck… Durant ce siècle on remarque alors que la musique de chambre avec piano domine dans le paysage musical. En effet, le piano sera l’instrument roi des intérieurs bourgeois à la période romantique. La musique de chambre est en plein essor et continue de s’ancrer solidement dans les lieux publics, dans les petites salles de concert. Par opposition aux grandes salles destinées aux concerts d’orchestres symphoniques.
Au XXème siècle la musique de chambre continue d’évoluer avec le lied et la mélodie. Certains compositeurs introduisent la voix dans leurs compositions comme : Arnold Schönberg dans son deuxième quatuor à cordes opus 10, dans Pierrot lunaire, ou bien Pierre Boulez en 1953-54 dans le Marteau sans maître. Ce siècle laisse place à la créativité avec sa Nuit Transfigurée (pièce fondée sur un poème) de Arnold Schönberg ou encore le Concerto de chambre pour piano, violon et 13 instruments à vent d’Alban Berg.
Bien que l’éventail de la musique de chambre s’élargisse considérablement, le quatuor à cordes reste une formation instrumentale majeure. D’ailleurs, c’est après les années 1900, que se sont composés les quatre quatuors à cordes de Schönberg, les six de Bartók, les cinq d’Ernest Bloch, les quinze de Chostakovitch, le Livre de Boulez, Ainsi la nuit de Dutilleux …
À présent, la musique de chambre ne se résume plus seulement au quatuor à cordes et ne se limite plus aux salons privés. Ses concerts sont aujourd’hui donnés sur toutes les grandes scènes classiques du monde.
Si l ‘on prend l ‘exemple du festival Entre Vents et Marais, ça donne quoi ?
Le caractère intimiste de la musique de chambre se retrouve à travers les lieux dans lesquels sont programmés les concerts. Qu’ils soient : dans des églises de village, au cœur d’une citadelle fortifiée, dans la cour d’un château fort, sur des places de village, dans un ancien fort militaire, sur une île, au cœur des claires ostréicoles… Ainsi, ces manifestations à taille humaine permettent un réel échange entre musiciens et spectateurs.
Quelques œuvres déjà programmées au festival :
– Divertimento KV136 pour quatuor à cordes Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791);
– Quintette à vents opus 56 de Franz Danzi (1763-1826);
– Sextuor en mi bémol majeur op.81b de Ludwig van Beethoven (1770-1827);
– Sextuor à cordes n°2 opus 36 de Johannes Brahms (1833-1897);
– Quintette à cordes n°2 de Max Bruch (1838-1920);
– Quintette n°3 pour cuivres de Victor Ewald (1860-1935);
– Sonate pour harpe, flûte, alto de Claude Debussy (1862-1918);
– Métamorphoses, version pour septuor à cordes de Richard Strauss (1864-1949);
– Sextuor pour cuivres en mi bémol mineur op.30 de Oskar Böhme (1870-1938);
– Quintette pour quatuor à cordes et harpe de Arnold Bax (1883-1953);
– Quintette à vents n°1 de Jean Françaix (1912-1997);
– Sonate pour quintette de cuivres de John Cheetam (1939-);
LA MUSIQUE DE CHAMBRE : UN ART DE JOUER
Les musiciens qui pratiquent la musique de chambre sont appelés des chambristes.
Faire de la musique de chambre équivaut à instaurer un dialogue entre les musiciens. C’est à dire qu’il faut savoir à la fois : jouer, communiquer, se mettre en retrait, écouter et être attentif aux uns et aux autres pour réagir ensemble.
La musique de chambre revêt donc plusieurs aspects : c’est à la fois le terme pour définir un répertoire musical, une formation instrumentale. C’est aussi et surtout l’art de jouer avec les autres.
Si l ‘on prend l ‘exemple du festival Entre Vents et Marais, ça donne quoi ?
Le travail d’un chambriste se déroule en deux étapes : le travail individuel, c’est à dire le moment où chaque musicien travaille seul sa partie. Puis les répétitions en commun, tous les musiciens vont alors travailler ensemble pour s’accorder sur les tempi, les nuances, les articulations…
En amont du festival Entre Vents et Marais , les musiciens invités se retrouvent à la citadelle de Brouage pour une résidence d’artistes permettant à chaque ensemble de travailler les œuvres programmées aux concerts.
Les soutiens du festival : La commune de Marennes-Hiers-Brouage accueille cette résidence d’artistes, en mettant à disposition un lieu d’hébergement et des salles de répétitions. Le syndicat mixte de Brouage soutient aussi le festival en mettant à disposition un auditorium. Le festival ne pourrait avoir lieu sans ce soutien précieux.